La crise avec la mairie inquiète adhérents et animateurs de la MJC


LA MAISON des jeunes et de la culture (MJC) de Colombes traverse une mauvaise passe. Pourtant, sur place, la vie continue. Seules les affiches jaunes qui appellent à la manifestation demain, samedi, à 15 heures, placardées entre les portraits de Nougaro et de Ferré, rappellent que les temps sont durs pour l'équipe dirigeante de l'association.
Le conflit qui oppose depuis près de deux mois les responsables de la MJC au maire UMP de Colombes, Nicole Gouéta, a pris depuis quelques jours un tournant radical. La première partie des subventions municipales, qui permet entre autres d'assurer les salaires de la MJC, n'a toujours pas été votée par le conseil municipal. Et aujourd'hui, après avoir vainement tenté de récupérer les 500 m 2 du restaurant de la structure associative pour en faire un restaurant municipal destiné aux administratifs, Nicole Gouéta a décidé de passer la vitesse supérieure. L'élue a lancé un ultimatum aux responsables de l'association. Elle annonce la couleur : la MJC doit revenir dans le giron de la ville sous la forme d'une gestion en régie municipale. Elle souhaiterait, selon certains, réaliser avec cette structure construite en 1965, qui draine quelque 2 500 adhérents, un "grand pôle culturel autour du théâtre et du conservatoire, attenants à la MJC". Nathalie Kouyoumdjian fait partie du staff qui a longtemps vécu sous la férule de l'ancienne mairie communiste, elle est trésorière bénévole depuis plusieurs années. Sur son sac-besace en cuir, elle a scotché l'un des tracts qu'elle distribue sur la ville : "Je suis une enfant de la MJC, j'y ai grandi et aujourd'hui ce sont mes trois enfants qui en profitent. Je suis élue au conseil d'administration depuis quelques années. Je ne serais pas ce que je suis sans cette expérience, c'est un parcours citoyen..."

"Les activités les plus rentables compensent les autres"
Une implication que partagent beaucoup de professeurs et animateurs qui disent apprécier "l'esprit famille" du lieu. A l'exemple de Sylvie. Cette enseignante de danse contemporaine vit très mal la situation de crise actuelle : "C'est déplorable, tout a toujours bien fonctionné. Le taux de fréquentation n'est pas le même selon les activités, mais les plus rentables compensent celles qui le sont moins, c'est ça l'esprit MJC." Les adhérents ne sont pas en reste. Car pour beaucoup, la MJC demeure ce qu'elle a toujours été dans sa définition : un projet démocratique et novateur d'éducation populaire qui s'adresse à tous. Farida, Laurence et Nadia y conduisent régulièrement leur progéniture. Elles estiment que c'est le seul endroit de la ville où les jeunes peuvent pratiquer des activités en tout genre au moindre coût. Et la perspective d'une municipalisation est loin de les convaincre. "Les prix seront revus à la hausse, ça s'est vu sur d'autres structures de la ville comme le club nautique ou la piscine, lâche une autre maman qui considère la MJC comme un héritage pour l'avoir fréquentée dans sa jeunesse. C'est incroyable de vouloir brandir la rentabilité à tout prix !"

La manifestation pour la défense de la MJC a lieu demain à 15 heures.

Marisa Faion