Colombes - La police municipale arręte un enfant de 8 ans


LES POLICIERS municipaux de Colombes sont encore montrés du doigt. Cette fois, ils s'en sont pris à un garçon de 8 ans. L'affaire remonte au 29 juillet dernier. Ce matin-là, les enfants du centre de loisirs Charles Péguy, dans le quartier des Grèves, jouent dans la cour de récréation. Soudain, quatre petits, qui avaient échappé à la vigilance des animateurs, lancent des pierres dans la rue. Un projectile tombe sur le capot de la voiture de la police municipale, qui patrouille le long de la rue Salvador Allende. Furieux, les quatre agents font irruption dans la cour de récréation et reconnaissent l'enfant qui a jeté le caillou, l'embarquent et le conduisent au commissariat de police. Selon une source proche de l'enquête, les policiers municipaux auraient ramené l'enfant au commissariat à la demande d'un officier de police judiciaire après avoir informé préalablement ce dernier par téléphone. Lors de l'audition, le garçon aurait expliqué à l'OPJ "qu'il n'avait pas visé la voiture de police". Le parquet, avisé des faits, a demandé que l'enfant soit remis à ses parents.

"Ils ont outrepassé leurs droits" "Ces faits sont extrêmement choquants, s'indigne Philippe Sarre, conseiller général socialiste. Le comportement de l'enfant ne justifiait en aucune manière d'être emmené au commissariat. Les quatre policiers municipaux ont manifestement manqué de sang-froid et outrepassé leurs droits." L'élu, qui a décidé d'alerter le préfet dès qu'il a eu vent de cette affaire, à son retour de vacances, s'interroge : "La police municipale se croit-elle autorisée à prendre les enfants sur leurs lieux de loisirs alors que ces derniers sont sous la responsabilité d'autres fonctionnaires municipaux ?" Pour Bruno Gouallou, maire adjoint (UDF) chargé de l'enfance et de la jeunesse, il n'y a pas de doute : "Cette affaire est regrettable. Les policiers ont soustrait cet enfant à la surveillance des équipes d'animation du centre de loisirs qui en avaient la responsabilité. C'est invraisemblable. Nous les avons réprimandés verbalement le soir même. Ces faits ne doivent plus se reproduire. Il faut être vigilant sur les missions que nous confions à la police municipale." Nicole Goueta, le maire (UMP) de Colombes, a mis en place la police municipale partiellement armée il y a un an. Elle est composée d'une cinquantaine d'agents. Malgré les récentes mises en cause de ces policiers, aux actions jugées parfois trop musclées, le maire n'a jamais désavoué ce service placé sous son autorité directe. Hier encore, elle leur apportait son soutien contre vents et marées, estimant que les quatre policiers municipaux avaient rempli leur devoir : "Il faut réprimer les actes d'incivilité dès le plus jeune âge. On ne lance pas des cailloux dans la rue et on ne jette pas non plus des papiers par terre. Les parents du garçon l'ont d'ailleurs bien compris. Ils ont promis de bien surveiller leur enfant à l'avenir."

Christine Henry