L'événement - L'élu Vert veut faire disparaître ces pubs
 

"IL S'AGIT d'une pollution visuelle et d'une véritable agression quotidienne", s'insurge Frédéric Puzin, conseiller municipal Vert de Sèvres. Depuis peu, l'élu a engagé une bataille contre la publicité intempestive, et notamment celle placée sous ces panneaux qui recouvrent les vitrines des bars, boulangeries et autres épiceries... et qu'il juge illégale.
"L'ensemble de la commune de Sèvres est en zone de publicité restreinte, indique-t-il. Ce qui signifie qu'elle est très réglementée, voire même interdite. Or, un certain nombre de dispositifs sont illégaux et personne ne fait rien." Une lutte qu'il est le premier à lancer tant ces affichettes se fondent dans l'environnement urbain, au point de passer inaperçues. "La loi stipule qu'une publicité non lumineuse ne peut recouvrir tout ou partie d'une baie", précise l'élu. Son combat, engagé à Sèvres dans un premier temps, va s'étendre à tout le département... puis à Paris.
"J'attaquerai tous ceux qui ne font pas respecter la loi" Par courriers du 20 avril, Frédéric Puzin a mis en demeure le maire de Sèvres et le préfet des Hauts-de-Seine de retirer ces panneaux. En cas de refus ou de silence, il pourrait saisir sur ce point la justice administrative. "J'attaquerai tous ceux qui ne font pas respecter la loi", prévient-il. Le préfet a déjà répondu qu'il attendait un complément d'information de la part de la mairie qui, pour sa part, n'a pour l'instant pas répondu. "La lettre de M. Puzin n'appelle pas de réponse, indique François Kosciusko-Morizet, le maire de Sèvres, mais il a raison d'être soucieux de la tendance actuelle de

SEVRES, HIER. Sur la vitrine de ce café, on compte pas moins de neuf placards de publicité. Des affiches posées en toute illégalité selon l'élu vert Frédéric Puzin, qui compte bien les faire retirer. (LP/SYLVAIN MERLE.)

la publicité à envahir notre vie quotidienne."
D'ailleurs, la ville va bientôt entamer un recensement des supports publicitaires présents sur son territoire et rappeler aux commerçants ce qui est permis et ce qui ne l'est pas. "Même s'il y a d'autres urgences, poursuit le maire, nous allons progressivement mettre de l'ordre dans tout ça."
Quant à la société Insert France qui gère près de 50 000 supports de ce type, elle temporise. "Si on fait une analyse stricte de la loi, nous ne sommes pas concernés puisque nos placards font moins de 2 m², explique François De Chaillé, responsable de la communication du groupe. Seulement, nous ne nous arrêtons pas à cela et faisons en sorte de prendre en compte les remarques. Nous sommes d'ailleurs en train d'établir un plan national de qualité." Peut-être pour prévenir les actions judiciaires. En tout cas, une chose est claire pour Frédéric Puzin : "Insert a du souci à se faire car la loi ne stipule nulle part une quelconque taille minimale pour les publicités."
Sylvain Merle


"Il n'y a jamais eu d'actions de ce type"
Michel Blin, correspondant de Paysages de France
"CE SONT de petits formats qui ne sautent pas forcément au visage et il n'y a jamais eu d'actions dirigées contre ce type de publicité", explique Michel Blin, correspondant Ile-de-France de Paysages de France, une association nationale qui lutte contre la "pollution visuelle publicitaire". "Ce genre de publicité a commencé sur les vitrines des libraires et maintenant il y en a partout, sur les cafés, les boulangeries... A Paris, par exemple, il y en a sur les cabanes du marché aux fleurs, sur l'île de la Cité, alors même que l'on est en pleine zone de publicité interdite. Le problème avec les publicitaires c'est qu'ils trouvent toujours de nouvelles techniques en marge de la loi, voire même illégales. Mais comme personne ne réagit, ils continuent. Théoriquement, les préfets sont habilités à prendre des décrets de mise en demeure, seulement en général personne en préfecture n'est spécialisé dans le domaine : le Code de l'environnement est vraiment le parent pauvre des infractions."
S.M.