UN COLLEGE pourrait voir le jour, en plein quartier
des Grèves, pour la rentrée 2007. Si l'hypothèse
est retenue, l'établissement, qui accueillerait environ 500 élèves,
devrait être construit à quelques dizaines de mètres
de la tour du 185, rue du Président Salvador Allende, connue
pour le trafic de stupéfiants. Aubaine pour réhabiliter
le quartier, selon certains, ce collège est aussi perçu
comme un pas supplémentaire vers la "ghettoïsation"
de ce quartier réputé "sensible".
Le périmètre d'une "opération d'aménagement"
rues Salvador Allende et Jules Ferry, qui couvre environ 10 000 m²,
a été voté lors du dernier conseil municipal. Le
collège serait alors construit entre le parking de la tour, à
la place d'un petit terrain herbeux et de quelques pavillons appartenant
au bailleur social de Colombes, la Semco, juste à côté
de l'ancienne usine Bellanger.
L'idée de ce sixième collège est le fruit d'une
réflexion sur le redécoupage de la carte scolaire, nécessaire
pour désengorger certains établissements surchargés,
tandis que d'autres sont en sous-effectif. "Il fallait absolument
revoir la carte scolaire" insiste Nicole Gouéta, maire (UMP)
de Colombes.
Ce redécoupage de la carte scolaire
favoriserait la "mixité sociale"
Avec respectivement 870 et 739 élèves
à la rentrée dernière, les collèges Lakanal
et Henri Dunant explosent. Deux établissements qui nécessitent
d'importants travaux de réfection. Face à l'ampleur de
la tâche, le conseil général, en charge des collèges,
a opté pour une démolition de Henri Dunant. Un nouvel
établissement devrait donc sortir de terre rue des Gros Grès,
sur des terrains abritant les anciens ateliers municipaux. "Mais
au lieu de reconstruire un gros collège, nous avons choisi d'en
créer deux d'une capacité d'environ cinq cents élèves",
poursuit Nicole Gouéta. Ce deuxième collège verrait
donc le jour dans le quartier des Grèves.
Ce redécoupage de la carte scolaire favoriserait la "mixité
sociale", souligne Christian Dupuy, vice-président du conseil
général répondant du même coup aux interrogations
des plus sceptiques sur l'implantation d'un établissement scolaire
en pleine zone dite "sensible". "C'est quand même
là que quatre cents policiers ont débarqué pour
arrêter les dealers", rappelle Ellen Lévy, présidente
de l'Association Colombes-Ouest, constituée pour s'impliquer
dans la question des collèges. "Mais avec des aménagements
adaptés, des effectifs suffisants, cet établissement pourrait
changer le visage du quartier."
Noël Arcediano, figure des Grèves et président de
l'amicale des locataires du quartier des Grèves, espère
une profonde réhabilitation du quartier, tout en craignant "un
collège ghetto". L'Association Colombes-Ouest prévoit
de rencontrer les riverains à partir d'aujourd'hui. Le conseil
général devrait voter prochainement les crédits
pour les études préalables.
Valérie Mahaut