Depuis quelque temps, élus et
administrations de l'Etat semblent jouer un yoyo dans la gestion des
déchets, sur un fond de biguine chatoyante, annonçant
l'avènement d'un incinérateur de plus de 250 millions
d'euros comme solution-miracle à l'éradication de nos
ordures.
En effet, c'est un Préfet qui, par un arrêté du
7 juin 2006, a ordonné la fermeture de la décharge de
Baillif, présentée par les journaux français comme
un chancre sur la face de la Guadeloupe. Mais c'est encore un Préfet
qui, une année plus tard, en Septembre 2007, vient à en
suggérer la réouverture, en faisant mine de croire qu'il
suffisait de faire sauter le fusible BARLAGNE pour enrayer la colère
qui gronde dans les foyers et l'inéluctable crise sanitaire provoquée
par la fermeture de la décharge de Baillif.
N'est-ce pas une Présidente de Conseil Régional qui a
passé, en 2003, un marché avec une certaine entreprise
VALCO, en marge du PDEDMA de 1997 et selon une procédure contestable,
pour exploiter et réhabiliter la décharge de Baillif ?
N'est-ce pas son successeur, un autre Président du Conseil Régional,
qui a opté pour l'enlisement devant la juridiction administrative
et le paiement de centaine de milliers d'euros de dommages et intérêts
à l'entreprise VALCO ?
Mais n'est-ce pas ce même Président du Conseil Régional
qui offre sans même avoir fait délibérer les élus
du Conseil Régional, de mobiliser des centaines de milliers d'euros
pour réhabiliter ladite décharge et goudronner la voie
d'accès et, pourquoi pas, y construire une route à quatre
voies ? N'est-ce pas le tandem BRESLEAU-GENIES qui, sous la houlette
du Préfet, s'était accordé, au terme de la grande
messe qui s'est déroulée à la Mairie de Baie-Mahault,
le 26 Septembre 2007, à lever le blocus de Baillif et à
accueillir à la Gabarre une partie des déchets de la BASSE-TERRE.
Autre aberration, et pas des moindres
: par avis publié dans le France-Antilles daté du 10 Mai
2007, le SYMCTOM de BASSE-TERRE a lancé un appel d'offres en
vue de la réalisation de plates-formes de prétraitement
des déchets ménagers par procédé mécano
biologique sur le site de la décharge de Baillif. Dans le respect
du Code des Marchés Publics, les plis ont été ouverts
et une entreprise guadeloupéenne, mettant en uvre un procédé
mécano-biologique, qui a fait ses preuves ailleurs, a été
sélectionnée. Alors que les entreprises soumissionnaires
évincées ont déjà reçu la notification
du rejet de leur offre, l'entreprise guadeloupéenne qui a été
retenue n'a, à ce jour, toujours pas reçu la notification
de l'heureuse nouvelle, ni, a fortiori, l'ordre de service.
Pendant ce temps, BASSE-TERRE s'enfonce dans
sa crotte et leptospirose, dengue et autres risques sanitaires menacent
nos populations.
A l'évidence, tous ces atermoiements sont signe de gabegie et
insouciance, sinon incompétence. Mais il n'échappera pas
au regard du plus attentif, qu'il s'agit, en vérité, d'une
grosse manuvre pour nous fourguer un incinérateur et offrir
un faux CSDU à une grosse multinationale qui se moque éperdument,
qui de notre environnement, qui de notre santé.
Après avoir laissé contaminer notre eau et nos sols par
le chlordécone, certains vont-ils se rendre encore complices
de la pollution de notre air et du peu qui nous reste par la dioxine,
le plomb, les mâchefers et les divers gaz toxiques que produisent
les incinérateurs ?
Combien de temps encore va-t-on laisser les maires exploiter des décharges
sauvages en violation du droit communautaire et du code de français
de l'environnement ?
Comment croire en la parole des ministres de passage qui vantent les
mérites de notre biodiversité tout en défilant
aux côtés de ceux qui n'en ont cure ?
Guadeloupéens, il est temps de vous mobiliser
dans toutes les communes pour exiger que le Droit constitutionnellement
reconnu pour tous à un environnement sain qui passe avant les
spéculations financières des uns et des autres ?
Harry DURIMEL, octobre 2007
http://harrydurimel.unblog.fr