De la canicule au chikungunya


La direction régionale des affaires sanitaires et sociales (DRASS) de la Réunion vient de faire connaître que l'Ile a connu un excès de mortalité significatif (+10%) en 2005 par rapport à la moyenne des 6 années précédentes et la question du lien avec l'épidémie de chikungunya qui submerge actuellement l'Ile est posée.

Cette affaire vient, une fois encore, illustrer le dysfonctionnement de notre système de sécurité sanitaire. Faute de veille sanitaire correcte, capable de détecter les premiers signaux, on réagit une fois la crise étant arrivée à son paroxysme (un habitant sur 7 aujourd'hui est touché) et dans l'urgence, en employant des moyens par forcément maîtrisés. Quel va être, en effet, l'impact sanitaire du traitement massif des habitations et de toute l'île par les pesticides sur la santé de la population, comme sur la flore et la faune ? Un insecticide par nature est une substance toxique et ceux qui sont utilisés sont d'ailleurs classés comme tels par les différentes organisations internationales.

Les Verts rappellent inlassablement qu'il vaut mieux prévenir que guérir. La Réunion paie aujourd'hui les inconséquences de la politique de santé environnementale dans le département : 215 décharges sauvages ; 3 communes sur 24 possèdent une station d'épuration en bon état. Les autres, soit déversent leurs effluents directement dans l'océan soit, comme à St Denis (135 000 habitants), ont des stations obsolètes qui n'épurent qu'une partie des eaux usées. Quant à l'assainissement autonome, il est si peu contrôlé qu'une bonne partie des eaux usées est envoyée directement dans le sol ou dans les ravines ! Ce cloaque à l'échelle de l'île ne peut que favoriser l'installation durable de colonies de moustiques et déclencher les maladies qu'ils véhiculent et pas seulement le chikungunya.

Le Ministre de la Santé doit s'expliquer sur les raisons de ces carences. Pourquoi l'excès de mortalité n'est-il signalé qu'aujourd'hui ? Pourquoi les mesures de traitement n'ont-elles été mises en œuvre que depuis quelques semaines alors que les cas sont apparus depuis près d'un an ? Quel est l'impact sur la santé de la population et sur l'écosystème du traitement par les pesticides ? Quelles sont les recherches mises en œuvre pour faire face à l'absence de moyen de traitement de cette maladie ? Par ailleurs les manquements éventuels de l'Institut de veille sanitaire, créé justement pour anticiper ce genre de crise, devront être analysés.

Les Verts exigent que toute la transparence soit faite sur ce sujet, transparence que doit accompagner une véritable solidarité avec les habitants de l'île et des moyens à la hauteur des besoins.

Communiqué des Verts - 17 février 2006