Sa question orale (H-0570/05) en date du 26
juin 2005 :
Le documentaire "Le cauchemar de Darwin" du réalisateur
autrichien Hubert Sauper qui est diffusé actuellement dans les
salles de cinéma en France pose de nombreux problèmes
sur la gestion des fonds européens pour le développement
en Afrique.
En effet, l'exploitation intensive de la perche du Nil, activité
subventionnée par l'UE a ravagé en quelques années
tout un écosystème en décimant peu à peu
toutes les autres espèces aquatiques et a désagrégé
le tissu social traditionnel autour du lac Victoria. Le poisson ne finit
plus désormais sur les étals locaux, il part vers des
usines d'où des milliers de filets soigneusement levés
s'envolent quotidiennement vers l'Europe. Dans le même temps,
la presse parle de famine en Tanzanie et d'aide alimentaire et la situation
décrite dans ce film est terrible.
Si les faits rapportés dans ce documentaire sont faux, il convient
d'y répondre ; s'ils sont avérés, nous devons comprendre
le processus de décision qui a amené et à de telles
situations aberrantes et intolérables et y remédier.
La réponse obtenue en septembre 2005
:
"La perche du Nil a été introduite dans le lac Victoria,
ensemble avec quatre espèces de tilapia, dans les années
1950. Ceci a engendré par la suite un changement profond de l'écosystème
du lac. L'exploitation à grande échelle de la perche du
Nil a commencé dans les années 1990 avec l'établissement
de plusieurs usines de filetage de poisson par des entreprises privées.
"L'Union Européenne n'a été impliquée
ni dans l'introduction de la perche du Nil dans le lac ni dans l'établissement
de ces usines et donc l'exploitation intensive de ce poisson. D'après
les informations dont dispose la Commission, le documentaire auquel
se réfère la question ne fait pas une pareille allégation
non plus. Le seul lien que le documentaire établit entre l'exploitation
de la perche du Nil dans le lac Victoria et les activités de
coopération de l'Union Européenne dans le secteur de pêche
en Tanzanie - malheureusement hors contexte et donc trompeur - se réfère
à l'assistance européenne pour l'amélioration des
conditions de production et des contrôles sanitaires des produits
de la pêche des petites et moyennes entreprises locales. Ce programme
sectoriel dont la Tanzanie est un des pays bénéficiaires
parmi une soixantaine de pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique
(ACP) vise à améliorer l'accès des produits de
la pêche des pays ACP au marché mondial et donc à
réduire la pauvreté.
"L'industrie de la pêche autour du lac Victoria fournit des
emplois pour plus d'un demi million de tanzaniens. Il y a eu un changement
remarquable dans les revenus de la population locale au cours des deux
dernières décennies. L'exportation à grande échelle
de la perche du Nil - un poisson, qui n'a d'ailleurs jamais fait partie
de l'alimentation traditionnelle de la population locale - a incontestablement
élevé le niveau de vie des communautés locales
vivant au bord du lac et s'inscrit dans une logique de développement
soutenable en aidant les petites et moyennes entreprises locales."
Lundi 26 septembre 2005
On est heureux d'apprendre que le niveau de
vie des communautés locales a été amélioré,
sauf que la catastrophe écologique révélée
par "Le cauchemar de Darwin" montre bien à quel point
cette amélioration n'est pas durable.