Canicule + baril de pétrole à 60 $ : une bonne raison pour ouvrir les yeux


La France est le dernier bastion européen réfractaire aux énergies renouvelables. Arc-boutés sur nos importations d'uranium et d'hydrocarbures (l'indépendance énergétique avec le nucléaire, quelle plaisanterie !), nous organisons des lendemains qui déchantent pour les particuliers comme pour les entreprises qui vont devoir payer de plus en plus cher l'énergie.

Aucun grand bâtiment construit ces dernières années dans l'agglomération toulousaine n'a été équipé en solaire, rien sur les immenses toitures des bâtiments scolaires et universitaires, rien sur les usines. Aucune vulgarisation de grande ampleur n'a été mise en place. L'éolien, confiné par un lobbying sans relâche des majors de l'énergie, n'a même pas atteint le 100e du parc de moulins à vent existant il y a 300 ans dans notre région ! La biomasse d'une région particulièrement agricole reste inutilisée à quelques exceptions près (un peu de bois énergie et toujours rien en biogaz agricole).

Et bien sûr une absence de recherche sur les énergies renouvelables dans nos campus universitaires. Il est plus urgent d'être leader dans la fabrication de drones militaires ou d'OGM pour une agriculture intensive polluante et vorace en énergie. Pendant ce temps, l'Espagne développe le solaire, l'éolien, méthanise ses déchets, crée de nombreux emplois ayant une réelle utilité sociale, l'Allemagne, partie en avance, conforte sa position soutenant les producteurs au mépris de la sacro-sainte "concurrence libre et non faussée" chère à tous les pollueurs et gaspilleurs d'énergie.

Il est urgent de fausser la concurrence par des prescriptions et des aides publiques qui désavantageront les énergies fossiles et le nucléaire pour donner la priorité aux énergies locales et renouvelables.

On ne peut indéfiniment attendre que le "marché" garantisse aux investisseurs des superbénéfices pour qu'ils daignent s'intéresser aux alternatives énergétiques. C'est partout que les citoyens doivent impulser de nouveaux choix, à la maison mais aussi au travail, dans les collectivités.

Un frémissement se fait sentir. Rajoutez votre grain de sel, la politique énergétique doit être l'affaire de tous, il ne faut pas la laisser à ceux qui n'ont su que piller les réserves de la planète et transmettre des déchets radioactifs et un monde pollué aux générations futures.

Pierre LABEYRIE, directeur d'EDEN, membre fondateur d'ARIA Energies Scop ARL