Conservatisme agricole français et budget européen


Le conservatisme agricole français ne doit plus bloquer l'adoption du budget européen
L'impossibilité de trouver un consensus sur son budget 2007-2013 place l'Union Européenne dans une situation de crise aiguë. Ce blocage est d'autant plus dramatique que le responsable principal en est l'Etat français, qui refuse toute réduction du financement consacré au "premier pilier" de la Politique Agricole Commune ... tout en exigeant une réduction globale du budget européen : le double discours de Jacques Chirac compromet la mise en œuvre des politiques sociales que l'Europe nécessite.
L'existence d'aides à l'agriculture est justifiée : cette activité est fondamentale pour l'accès à l'alimentation et pour l'aménagement du territoire. Toute société doit payer le prix d'une alimentation saine et d'un monde rural vivant. Il ne peut pas être question de supprimer le principe d'aides agricoles européennes, comme le souhaite la Grande-Bretagne. Mais force est de constater que la répartition actuelle de ces aides ne correspond absolument pas aux attentes de nos concitoyens ni aux urgences environnementales !
A l'heure actuelle, seul 5 % du budget européen est consacré aux agricultures respectueuses de l'environnement, à l'installation de nouveaux agriculteurs et au développement rural ("deuxième pilier" de la PAC). Ces aides légitimes ne sont absolument pas défendues actuellement par l'Etat français et pourraient se voir partiellement sacrifiées à cause du blocage actuel - alors que leur augmentation serait nécessaire.
Ce sont au contraire les aides directes aux agriculteurs ("premier pilier" de la PAC), qui représentent 40 % du budget de l'Union, que le Président français défend contre vents et marées. Or, ce volet de la PAC consacre une agriculture productiviste et exportatrice, qui dégrade notre environnement, réduit le nombre d'agriculteurs et détruit les économies rurales du tiers-monde.
Les Verts dénoncent l'acharnement français à maintenir tel quel un "premier pilier" dont le fonctionnement et le financement disproportionné sont archaïques. La Politique Agricole Commune doit être réformée en profondeur, notamment par l'instauration de mécanismes de construction de prix rémunérateurs et un soutien accru au développement rural, à l'agro-environnement et à l'agriculture biologique. Outre ses résultats sociaux et environnementaux, une telle réforme permettra de réduire le poids du budget agricole européen.
L'Europe a aussi besoin de disposer de moyens financiers pour mener une véritable politique sociale, une politique de la recherche, une politique de l'éducation ... qui font cruellement défaut aujourd'hui.
L'Union européenne doit être dotée d'un budget décent. Pour ce faire, les Verts proposent : le respect de la demande de la Commission pour un budget européen à hauteur de 1,27 % du PEB, Une renégociation immédiate de la Politique Agricole Commune pour aller vers des prix rémunérateurs, et une agriculture respectueuse de l'environnement.

Les Verts, communiqué du 21 juin 2005