Bachelot bouge encore


J'ai encore fait une connerie !


Au lendemain de la déculottée des régionales, et deux jours avant de quitter le gouvernement, Roselyne Bachelot, ministre de l'Environnement, a signé un décret injustement passé inaperçu. Ce texte porte de sérieux coups de canif à la loi Littoral de 1986, qui protège - en principe - nos côtes de l'urbanisation et du béton à tout va.
Ledit décret prévoit, notamment, une tolérance accrue pour les implantations d'"aires de stationnement indispensables à la maîtrise de la fréquentation automobile" et pour les "aménagements nécessaires aux activités agricoles" d'une surface inférieure à 50m². Bienvenue donc aux parkings, aux silos et aux cabanes de pêcheurs pieds dans l'eau.
Et surtout, ce texte, évasif à souhait, autorise "la réfection des bâtiments existants et l'extension limitée des bâtiments et installations nécessaires à l'exercice d'activités économiques".
Cette formulation, estime Corinne Lepage "permet toutes les interprétations et dénature la loi Littoral". Et un responsable de l'association Défense de l'environnement bigouden ajoute : "Cela fait vingt ans

que les professionnels de la pêche, de l'hôtellerie, de l'immobilier essaient, eux aussi, coûte que coûte, de gagner du terrain." Ce Bigouden ne fait pas que dans la celtitude : c'est lui qui a déniché le texte de Bachelot.
Le décret, en tout cas, n'a pas porté la poisse à Roselyne. Elle s'est imposée à la tête de la liste européenne dans la région Ouest. Où elle mène une campagne plus folklorique qu'écologique. Pimentée de hautes réflexions (prétendument empruntées à Chirac) telles que : "En déplacement, il ne faut jamais perdre une occasion de pisser, de bouffer et de baiser. Il y en a déjà deux de faites."
Pour le troisième point du programme, on demandera leur avis aux habitants des régions côtières.
J-F. J.
Le Canard Enchaîné, mercredi 9 juin 2004